Gonflés par leurs affluents, les lacs flirtent avec les records

Les intempéries de la semaine passée ne sont pas restées sans conséquence sur les eaux du lac de Neuchâtel. Avec quelques jours de décalage, celui-ci s’est mis à gonfler ce week-end, pour atteindre lundi un niveau record. «Avec une cote à 430,29 mètres, il n’avait pas été aussi haut depuis 1955», relève Philippe Hohl, chef de la division économie hydraulique du SESA (Service des eaux, sols et assainissement du canton de Vaud).

Berges englouties

Le lac a lentement amorcé sa décrue. Mais qui dit montée des eaux dit forcément dégâts, comme à Estavayer-le-Lac par exemple, où les chalets jouxtant le Cercle de la voile étaient particulièrement exposés. Les berges étaient englouties ce week-end, et les jardins des particuliers, pourtant surélevés, étaient sous 50 cm d’eau. «Mon garage est inondé», observait Florence, une habitante soulagée d’avoir laissé ce local vide alors que certains de ses voisins l’avaient aménagé.

A Yverdon-les-Bains, la Thièle a débordé à son embouchure, inondant légèrement le bâtiment du Cercle de la voile, situé au bord du lac. A quelques encablures de là, l’entreprise Erem SA, qui fabrique des machines destinées à l’industrie mécanique, a constaté dimanche qu’une partie de son stock entreposé à la cave gogeait dans quelques centimètres d’eau. Saturées, les canalisations avaient en effet débordé. «Nous avons dû pomper en continu pendant de nombreuses heures car sinon, l’eau revenait rapidement», explique un employé.

Un seul barrage

Entre mercredi dernier et dimanche, le niveau du lac de Neuchâtel a grimpé de 80 centimètres, à l’instar de ceux de Morat et de Bienne avec lesquels il est en connexion. «Pour ces trois lacs, un seul barrage de régulation existe, note Philippe Hohl. Il se trouve à Port, dans le district de Nidau.» L’ouverture plus ou moins grande des vannes de ce barrage a ainsi une influence directe sur le niveau des trois lacs.

Qui décide du débit à laisser en aval? «Ce pouvoir appartient à mes confrères bernois», poursuit le responsable, précisant que leur marge de manœuvre est de toute manière étroite «puisqu’un règlement intercantonal très clair dicte le débit maximal qu’il est permis de laisser filer».

Actuellement, les vannes sont donc ouvertes à leur maximum légal. «Il s’agit aussi de protéger les intérêts des Argoviens et des Soleurois.» Ces derniers sont en effet à l’abri d’une crue de l’Aar depuis 1868, date à laquelle le cours d’eau a été dévié dans le lac de Bienne qui sert ainsi, avec les deux autres lacs, de réservoir.

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